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- Pierre Waline
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- Egy francia Magyarországon - Pierre Waline blogja
Décidément, la vie musicale à Budapest aura rarement été si fournie qu´en cette période de pandémie. Un paradoxe. Et pourtant… Un, voire plusieurs concerts retransmis chaque soir sur le réseau. Certes, cela ne vaut pas la présence sur place, mais voilà qui est malgré tout bien commode. Tel un concert récemment retransmis depuis le Palais des Arts (Müpa) consacré à des oeuvres de Mozart et du jeune Mendelssohn. Une originalité: concert donné sans chef et exclusivement consacré à des oeuvres concertantes. Pour reprendre une comparaison suggérée par ses organisateurs: „Tel un repas où chacun des trois plats principaux serait constitué d´une fine pâtisserie, chacune d´un parfum différent”.
Au programme: le troisème concerto pour violon en sol, K 216 de Mozart et son 24ème concerto pour piano en ut K 491. Pour terminer: de Mendelssohn, le double concerto pour piano et violon, qu´il composa à l´âge de quatorze ans. En solistes, le violoniste Kristóf Baráti et le pianiste Dénes Várjon.
Composé à Salzbourg en septembre 1775 (Mozart n´avait que dix-neuf ans), le concerto pour violon en sol marque un nouveau départ dans l´oeuvre du compositeur. Sans se démarquer totalement du style galant des deux précédents, le jeune compositeur y soigne davantage son orchestration, plus „colorée”, et nous offre des moyens d´expression que nous n´avions guère connus jusque là. C´est ainsi qu´en sa partie centrale, on y trouve déjà cette profondeur de sentiments qui caractérisera par la suite ses grands concertos. „Un style galant que Mozart transcende par une invention mélodique inépuisable et une profondeur d'expression maîtrisée” (wikipédia). Un concerto également apprécié pour son séduisant rondeau final, pot pourri d´airs français, dont une mélodie populaire dite „strasbourgeoise” qui lui vaudra par la suite son appellation „concerto de Strasbourg”. Une oeuvre idéalement servie par un Kristóf Baráti dont on admirera au passage la finesse du son. Il est vrai que le violoniste, actuellement le plus en vue sur la place de Budapest, n´est pas le premier venu. „Tenu en grande estime par des chefs comme Gergiev, Dutoit, Saraste et Janowski, Baráti maîtrise une technique parfaite et offre une gamme expressive étincelante” (biographie)
Suivait le 24ème concerto en ut mineur, par le pianiste Dénes Várjon. Un concerto qui, dit-on, figurait parmi les favoris de Beethoven. Composé au printemps 1786, alors que Mozart achevait ses Noces de Figaro. A l´opposé de l´oeuvre précédente, certains y voient „l´expression des épreuves qu´affrontait alors le jeune maître” (Jean & Brigitte Massin). Einstein, non sans exagération, en relevant le „côté révolutionnaire”. Oeuvre que l´on compare parfois par son climat au 20ème en ré mineur.”Un moment de perfection après lequel plus rien ne reste à désirer. Ensuite, on fera sans doute aussi bien, mais jamais mieux” (Georges Beck). Alors? Servi en soliste par Dénes Várjon. Un pianiste que nous avions déjà entendu par le passé, mais diversement apprécié. Qui s´est montré ce soir inspiré, à la hauteur de l´oeuvre rendue avec clarté, soutenu par des musiciens inspirés. Seule réserve: pourquoi cette mimique - un tantinet agaçante -, le regard en extase, tourné vers le ciel, comme pour y puiser son inspiration?
L´entracte terminé, nous attendions beaucoup de l´oeuve suivante, le double concerto de Mendelssohn. Une oeuvre de jeunesse pratiquement inconnue du public et rarement jouée. Et pourtant… Ici servie par les deux solistes entendus auparavant. Que l´on dit, malgré leur différence d´âge, bons amis, ce qui s´entendait, tous deux parfaitement en phase, malgré un côté plus réservé chez le cadet (Baráti). Un mot sur l´oeuvre. „Composé à l´âge de quatorze ans, trois ans avant l´ouverture du Songe d'une nuit d'été, Felix Mendelssohn nous livre cet étonnant Concerto construit sur le modèle classique mais qui regorge d'idées nouvelles sinon iconoclastes.” (critique anonyme). Une oeuvre sur laquelle plane l´esprit de Mozart que le jeune Félix admirait tant, mais offrant tout en même temps un souffle de passion romantique. A noter, pour la petite histoire que le jeune Félix et sa soeur Fanny avaient été formés au piano par Marie Bigot, celle-là même qui avait été amie de Beethoven. L´interprétation? Les deux solistes parfaitement en phase, suivis par un orchestre (cordes) au diapason. Pour terminer la soirée fut donnée en bis (… sans public !..) la sonate piano-violon en ré majeur.
Au-delà de l´interprétation proprement dite, ce que nous retenons de cette soirée est sa forme et son progarmme peu coutumiers. Un orchestre se produisant sans chef, prenant la forme d´un ensemble de chambre auquel les deux solistes n´en étaient que mieux intégrés. Et le programme: trois concertos d´affilée, ce qui ne nous est pas donné tous les jours. De plus idéalement choisis. Avec cette parenté de style entre le concerto de violon et l´oeuvre de Mendelssohn, marquée par l´esprit du maître de Salzbourg. Séparés par une eouvre de maturité empreinte de majesté, ce qui conférait au tout un parfait équilibre.
Nombre de chefs considèrent l´art de monter un programme comme aussi important que l´interprétation des oeuvres choisies. Pour le coup, ce fut ce soir une réussite tant dans le choix des oeuvres programmées que dans leur interprétation.
En attendant la suite…
Pierre Waline, 24 février 2021
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- Egy francia Magyarországon - Pierre Waline blogja
La langue hongroise ignore les prépositions. Ces dernières étant remplacées, soit par des postpositions, soit, plus couramment, par un suffixe accolé au mot concerné. Suffixes que certains ont vite fait d´assimiler à des désinences, ou cas grammaticaux. C´est ainsi que le site Wikipédia place le hongrois largement en tête des langues d´Europe avec non moins de dix-huit cas recensés. Certes, mais de quoi parle-t´on au juste?
Ce que nous qualifions généralement de „cas” est le fait des langues dites flexionnelles (à flexion nominale), qui „déclinent” leurs noms, adjectifs et pronoms en leur attribuant une désinence exprimant une valeur grammaticale donnée. Cf. nos déclinaisons latines tant rabâchées.
Le hongrois, avec ses cousins, le finnois et l´estonien, ou encore les langues turques et le basque, fait partie d´un autre groupe, dit des „langues agglutinantes”. Qui procèdent généralement par affixes (préfixes, interfixes, suffixes) pour s´exprimer. C´est ainsi que, pour localiser un objet ou une action, alors que la latin utilisera une préposition suivie selon le cas (avec ou sans mouvement) de l´ablatif ou de l’accusatif, le hongrois se contentera de coller un suffixe à la fin du mot. Si l´on étend l´exemple à l´ensemble des prépositions, pour peu qu´elles ne soient pas transmutées en postpositions, on comprendra alors la multiplicité des cas. Ce qui est un peu tricher, du moins si on les met en concurrence avec nos langues réduites tout au plus à six ou sept cas au maximum. Car cela revient à comparer ce qui n´est pas comparable.
Un exemple, pour clarifier notre propos. „Le jardin” se dit en hongrois „a kert”. Pour traduire „au jardin” sans mouvement (in horto), le Hongrois dira „a kertben” (locatif). S´il y a un mouvement entrant (in/ad hortum), il écrira „a kertbe” (allatif). Pour exprimer au contraire un mouvement sortant (ab/ex horto), il écrira „a kertből” (élatif). Pour pousser la comparaison, pour dire „jusqu´au jardin”, le hongrois se contentera d´ajouter le suffixe -ig („a kertig”, terminatif). Etc… Ce qui, en plus de nos cas traditionnels, a amené nos linguistes à inventer de nouveaux cas: allatif („vers”), comitatif („avec”), essif („en tant que”), transmutatif („transformé en..”), etc. La source où nous les avons dénichés en dénombre 37 ! Vus ainsi, nous pouvons les considérer à la limite comme des „cas grammaticaux” pris dans un sens très large. Pour être justes, précisons malgré tout que le hongrois utilise aussi quelques suffixes correspondant à nos cas „classiques”, tels l´accusatif (-t) ou le datif (nak/nek). Par contre, ignorant curieusement le génitif. (1)
De là à les mettre en concurrence avec les désinences de nos déclinaisons (latin-grec, langues slaves), voilà un pas trop allègrement franchi qui fausse la donne. Tel ce classement mentionné plus haut (langues d´Europe). Cela revient à mettre sur un même plan et comparer ce qui n´est pas comparable.
Cette petite leçon (Monsieur Trissoltin) dont on pardonnera la prétention pour tenter de désacraliser une langue que l´on se plaît souvent à faire passer pour impossible et totalement fermée. Dans le cas d´espèce cité, il n´en est rien. Mais rassurez-vous, le hongrois, pour qui souhaiterait s´y atteler, vous sortira de son sac quelques petites surprises et autres chausse trappes à en décourager certains. Mais tenez bon. La langue hongroise n´est pas si hermétique qu´on veut bien se le dire. La preuve: ces étrangers de plus en plus nombreux qui la pratiquent à merveille.
Pierre Waline, 24 février 2021
(1): le génitif étant remplacé pas une possessivation. „Le chien de ma voisine” donnera „(à) ma voisine son chien”. Pour peu que vous ayez à rendre en traduction simultanée „La laisse du chien de la voisine de ma belle-soeur” (le tout inversé), je vous souhaite bien du plaisir!
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Voilà une bonne nouvelle! Pour entamer sa saison, l´Opéra de Budapest nous propose chaque semaine , à partir de la mi-février, la diffusion en direct d´un opéra. Certes „en ligne” et non sur place, mais des représentations „à part entière” avec décors et costumes. Pour débuter la série, le choix s´est porté sur Don Carlos de Verdi (version chantée en italien), donné ce samedi (1). Un choix d´autant bienvenu qu´il s´agit d´un opéra rarement donné. Qui, il est vrai, occupe une place à part dans la production du maître italien. L´oeuvre est tirée du drame de Schiller, lui même inspiré d´un fait historique, quoique quelque peu romancé. C´est sur une commande de l´Opéra de Paris que Verdi se mit à l´ouvrage. Travail qui ne se fit pas sans peine, souvent remanié, au point que Verdi envisagea un moment de rompre son contrat. Donnée à Paris en mars 1867, le première se solda, sinon par un fiasco, du moins par un accueil plutôt froid. Il est vrai, chantée dans de mauvaises conditions et insuffisamment préparée. Verdi quitta donc Paris pour se remettre quelques années plus tard à l´ouvrage, cette fois dans une version italienne (2). Version remaniée sur un nouveau livret et réduite de cinq à quatre actes qui fut donnée à la Scala en 1884 sous le nom de Don Carlo. Entre temps, au lendemain de la création parisienne, Verdi avait fait traduire en italien la version française (celle donnée ce soir).
L´intrigue, qui s´étale sur cinq actes, est impossible à résumer en quelques lignes. En deux mots: l´action se déroule au XVIème siècle, d´abord à la cour du roi de France, puis en Espagne. Philippe II, roi d´Espagne (fils de Charles Quint) va épouser Elisabeth de Valois, fille de Henri II, roi de France. Elisabeth dont l´infant Carlos, fils de Philippe II, était tombé amoureux, un amour partagé. Mais les deux amants doivent se séparer. Le tout sur fond d´une lutte sans merci contre les Flamands, persécutés par le Grand Inquisiteur. Flamands dont Carlos soutiendra la cause, appuyé en cela par son ami, le marquis de Posa. Survient un cinquième personnage, la princesse Eboli, dame d´honneur de la reine, anciennne maîtresse du roi, amoureuse de Carlos qui repousse ses avances. Eboli jure alors sa perte et va faussement dénoncer le couple, avant de se rétracter au dernier moment, mais trop tard. Carlos, pour avoir tiré l´épée contre son père qui lui avait refusé la grâce des Flamands et l´avait bafoué, sera arrêté (scène de l´autodafé) et jeté en prison. Prison où ira le retrouver Posa, qui se sait condamné, pour lui faire ses adieux avant d´être abattu sous les yeux de son ami. Philippe, veuf viellissant, réalise que sa jeune épouse ne peut l´aimer et finira par accorder la grâce à son fils, acclamé par le peuple. Don Carlos, qui renie son père, projette d´aller se réfugier en Flandre. Mais au moment où il prend adieu de la reine dans un rendez-vous donné devant un couvent sur la tombe de Charles Quint, le couple est surpris par le roi et l´Inquisiteur. Au moment de se voir arrêté, Don Carlos est entraîné vers l´intérieur du couvent par un moine mystérieux qui n´est autre que l´empereur, surgi de sa tombe pour sauver son petit fils des griffes de l´Inquisition.
Il est aisé d´établir ici le rapprochement entre les Flamands opprimés luttant pour leur libération et la situation de l´Italie, alors en passe de se libérer du joug autrichien. Un thème cher à Verdi. Également chère au compositeur, la dénonciation par Posa de la bigoterie religieuse, représentée par le Grand Inquisiteur. Motivante, enfin, la complexité psychologique de l´intrigue amoureuse et la tension dramatique, propres à inspirer une partition originale.
Certains évoquent l´influence de Wagner. Ce qui est à écarter, Verdi n´ayant pas encore eu l´occasion d´entendre ses grands opéras. C´est plutôt le romantisme allemand en général, et Weber et son Euryanthe en particulier que nous pourrions ici évoquer en matière d´influence (3). Tout en s´inscrivant dans la forme du grand opéra français. Une chose est certaine, Don Carlos se démarque du reste de l´oeuvre de Verdi. Une oeuvre considérée par certains (Placido Domingo) comme son chef d´oeuvre (avec Otello). Sans aller jusque là, reconnaissons que Verdi nous offre ici une partition particulièrement riche et innovante. „Magnifique opéra du clair obscur” (F.R. Tranchefort) alternant constamment les modes majeur et mineur. Déployant une abondance de moyens où Leibowitz voyait „une sorte de démesure lyrique peu commune”. Sans oublier les beautés de l´écriture vocale et la flexibilité des lignes mélodiques. Un critique italien voyant, quant à lui, Verdi „atteindre ici un sommet de l´expression dramatique” . Bref, pour un „mal aimé” des opéras du maître italien, une oeuvre qu´il était urgent de remettre à l´affiche, ce qui fut fait ce soir.
Alors? La distribution, tout d´abord. Dans le rôle titre, le ténor uruguayo-américain Gaston Rivero (entendu à la Bastille dans Aïda). Sa partenaire, la soprano hongroise Zsuzsana Ádám et le baryton-basse Gábor Bretz en Philippe II. A leur côté, le baryton Csaba Szegedi en Posa, la mezzo-soprano Erika Gál en princesse Eboli et la basse András Palerdi en Grand Inquisiteur. Le tout placé sous la baguette de Balázs Kocsár et mis en scène par l´Allemand Frank Hilbrich. Hilbrich qui voit dans cette oeuvre un „hymne grandiose et sans égal aux valeurs de la liberté individuelle”.
Un jeune metteur-en-scène allemand, paraît-il réputé, qui n´hésite pas à ajouter son propre message à celui du compositeur et de son librettiste. Secondé en cela par sa compatriote Gabrielle Rupprecht pour les costumes. Si encore c´eût été fait avec goût. Mais tel ne fut pas vraiment le cas. Ayant transposé l´action hors du temps, ce qui en soi n´est pas un mal, Hilbrich s´est cru obligé de rajouter des personnages pour en souliger le drame. Tels ces petits lutins à quatre pattes enserrés dans des combinaisons noires, censés représenter les bourreaux de l´Inquisition. Par contre prévu dans l´action, le moine. Mais pourquoi l´affubler d´un physique peu engageant, poussant constamment devant lui, tel un SDF, un énorme ballot garni de livres (un symbole?). Quant au Grand Inquisiteur, il est ici présenté en aveugle à canne blanche, aidé dans sa marche par des acolytes (La cécité, un symbole?). Mais avec, reconnaissons le, quelques temps forts, telle cette scène de l´autodafé d´un réalisme cru. Encore un point: cette gesticulation qu´il impose par moments à ses chanteurs et choristes, ce qui nuit à la tension de l´ensemble. Était-ce vraiment nécessaire? Quant aux costumes, tantôt somptueux, tantôt frisant le ridicule. Telle cette jupe – jupon? - lacérée dont est affublée la belle Eboli sur la fin de la pièce. Ou encore cette combinaison noire dont est vêtu le roi, qui évoquerait plutôt la tenue d´un commandant de vaisseau dans l´Odysée de l´Espace. Un bon point, par contre: le décor, sobre, réduit à une suite de gradins en fond de scène. Il est clair, et il l´a déclaré, que le metteur-en-scène a voulu ici souligner le drame d´un peuple opprimé et épris de liberté face à la tyranie de son souverain. Mais était-il nécessaire, pour cela, d´en rajouter? (4)
Voilà pour la mise-en-scène, costumes et décor. Et les chanteurs, dans tout cela? Tous excellents, pleinement impliqués et chantant à merveille. Je mettrais en tête, dans le rôle de Philippe II, un Gábor Bretz à la belle prestance, digne et sobre dans son jeu. Et rendant parfaitement le drame du personnage tiraillé entre sa soif de pouvoir et sa cruauté de tyran, d´une part, et son affection paterrnelle, de l´autre. Egalement bien chanté et bien joué, l´Infant incarné par l´Uruguayen Gaston Rivero, moyennant une réserve: le physique du personnage qui rend peu crédible sa filiation avec le roi, et cette tenue négligée dont il est affublé. Également excellentes, les deux femmes rivales, Elisabeth et Eboli.
En toile de fond, un orchestre soutenant bien l´action, encore que j´eusse attendu un peu plus de nerf de la part du chef et de ses musiciens.
Que dire, pour conclure? Tout d´abord notre plaisir de découvrir à la scène une oeuvre majeure de Verdi que nous ne connaissions que par enregistrement. Oeuvre de longue haleine (3 heures vingt..), mais qui en valait largement la peine. Enfin, notre reconnaissance aux responsables de l´Opéra de Budapest de nous avoir offert cette occasion de découverte, dans une production qui demeurera malgré tout dans les annales.
Pierre Waline, 21 février 2021
(1): autres opéras programmés: Jake Heggie (contemporain) Dead man walking, Monteverdi Le couronnement de Poppée, Offenbach Les contes d´Hoffmann.
(2): malgré le succès parisien de la Traviata (alors rejetée à Venise) et la commande de deux opéras (Les Vêpres siciliennes et Jérusalem – version française de I Lombardi ), Verdi ressentait une profonde animosité envers les Français auxquels il reprochait leur légèreté. Ce n´est que sur la fin de sa vie, avec le triomphe de ses derniers opéras, qu´il se réconciliera avec le public parisien. Se voyant notamment promu Grand Croix de la Légion d´Honneur et élu à l´Académie des Beaux-Arts au fauteuil de Meyerbeer.
(3): François-René Tranchefort „L´Opéra”, édition du Seuil, 1978.
(4): un détail: dans la scène finale, au lieu de se voir emmené au couvent, Don Carlos, s´effondre, terrassé. Ce qui n´est pas plus mal, au contraire. Collant davantage à la pièce de Schiller, et correspondant à l´une des variantes prévues par les librettistes.
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Depuis bientôt quinze ans, Iván Fischer, fondateur et directeur musical de l´Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) et Csaba Káel, directeur du Palais des Arts (Müpa), nous offrent chaque année début février ce qu´ils appellent une „journée marathon”. Un peu à l´instar de nos „Folles journées de Nantes”, ils nous proposent du matin au soir une série non stop de concerts et récitals consacrés à un compositeur donné (ou couple de compositeurs). Cette année, pour sa quatorzième édition, leur choix s´est porté sur le couple Liszt-Berlioz (1). Qu´ils nous présentent non seulement comme amis, mais comme offrant de nombreux points communs, malgré des différences apparentes. Symbolisant à leurs yeux l´âme romantique et ayant révolutionné le genre.
Certes, les différences ne manquent pas (2). Tout d´abord au plan des personnalités, mais aussi par leur production. Offrant une place privilégiée au piano chez Liszt, à l´orchestre et aux grandes formations chez Berlioz. Malgré tout, les points communs ne manquent pas non plus. Les présentant tous deux comme successeurs de Beethoven (3), les organisateurs ajoutent: „Ils ont tous deux réformé la musique orchestrale et concertante et lancé la musique à programme. Ils se sont tous deux enthousiasmés pour Byron et le thème de Faust. Leurs chemins se sont souvent croisés et leurs oeuvres présentent de nombreux points communs.”
Onze concerts et récitals s´étalant du matin au soir, offrant une grande variété. Telle cette intervention d´un ensemble de jazz improvisant sur des thèmes des deux compositeurs ou encore ce récital pour deux pianos. Sans oublier, comme chaque année, un programme dédié aux enfants.
Les interprètes: outre une brochette de pianistes réputés (4), l´altiste Máté Szűcs et Norbert Káel et son trio de jazz. Cinq formations: l´orchestre symphonique MÁV, l´orchestre Danubia d´Óbuda, l´orchestre philharmonique de Győr, la Philharmonie de Pannonie et, pour clôre la journée, l´Orchestre du Festival de Budapest, ainsi qu´un choeur, la chorale d´hommes Saint Ephraïm (Szent Efrém). Au programme, tout d´abord les incontournables: la Symphonie Fantastique, les deux concertos de Liszt et sa sonate en Si. Mais aussi des inédits. Telles ces deux pièces pour deux pianos de Liszt: le Concerto pathétique, oeuvre totalement méconnue du grand public, et une transcription des Préludes. Ou encore ces improvisations par un trio de jazz. Et cette matinée consacrée aux enfants, intitulée „Les murmures de la forêt”, animée par le bassoniste György Lakatos… Un programme a priori séduisant et varié, donc.
Malgré tout, rien ne saurait remplacer cette convivialité qui faisait le charme des précédents marathons. Journées agrémentées d´expositions, de conférences et projections de films. Et pourtant, tout a été fait pour animer dans la mesure du possible cette journée „à distance”, notamment par des petites présentations placées avant les concerts (moyennant, malgré tout, des temps morts). Ce qui n´était pas tâche aisée. Un petit regret, néanmoins: ce déséquilibre entre les oeuvres présentées, deux seulement pour Berlioz. Mais bon, ne jetons la pierre à personne et ne faisons pas fine bouche. Soyons reconnaissants aux organisateurs d´avoir pris sur eux de nous offrir cette journée, même suivie de chez soi..
Alors? Les temps forts: la Symphonie fantastique dans une admirable interprétation par les musiciens de Győr placés sous la direction de Kálmán Berkes. Le premier concerto en mi bémol de Liszt par les musiciens de l´Orchestre MÁV sous la direction de Daniel Boico avec le pianiste Zoltán Fejérvári en soliste; surtout pour la prestation, de ce dernier (Grand Prix du disque) (6). Et la sonate en si mineur magistralement interprétée par David Báll. Enfin, le concert de clôture conduit par Iván Fischer et ses musiciens de l´Orchestre du Festival, dont la fameuse Danse macabre avec le jeune pianiste géorgien Nicolas Namoradze en soliste (5) et, pour conclure en beauté, une interprétation particulièrement roborative de la Deuxième rhapsodie. Pour ouvrir la journée, Gergely Bogányi nous avait interprété cinq Études d´exécution transcendante et deux morceaux extraits des Années de pélerinage, souvenirs de son séjour en Suisse. Les Études d´exécution transcendante lui ayant été inspirées, de l´aveu même du compositeur, par Paganini et Chopin qu´il admirait tous deux. Une remarque au passage: le piano, non pas le Steinway habituel, mais un instrument au design moderne spécialement conçu par le pianiste. Enfin, remarque très personnelle, cette étonnante ressemblance, bien évidemment exploitée, avec Liszt par le profil, la chevelure et la taille, voire l´habit, et surtout ces grandes mains de virtuose. Car l´interprétation que nous a servie Gergely Bogányi de ces pièces relevait d´une virtuosité que l´on ne peut qu´admirer. Une belle entrée en matière, donc.
A relever, dès après le récital d´ouverture, cette matinée „familiale” à l´attention des enfants, délicieusement animée avec humour par le bassoniste György Lakatos, ici en meneur de jeu. Lors de laquelle cinq jeunes pianistes, élèves du Conservatoire, nous ont interprété cinq pièces extraites des Années de pélerinage, dont ce „Murmures de la forêt” impressionniste avant l´heure que n´auraient pas renié un Ravel ou un Debussy. Et la fameuse transcription de la „Sérénade” (Ständchen) de Schubert. Pour passer ensuite sur le récital de jazz (sans grande originalité) et le concert déjà mentionné nous proposant le 1er concerto de Liszt précédé de la valse de Méphisto. Nous passons également sur le récital à deux pianos avec ce curieux „concerto pathétique” que l´on dit inspiré de la Wanderer Fantaisie de Schubert, suivi d´une transcription des Préludes (par János Palojtay et Ádám Balogh); sinon pour siganler une brillante interprétation des Préludes dans cette belle transcription. Vint ensuite le 2e concerto en la majeur par les membres de la formation Danubia dirigés par Máté Hamori avec József Balog en soliste. Une oeuvre qui contraste par son climat avec le premier concerto. Suivi du poème symphonique Prométhée (créé à Weimar). Pour passer à la sonate en si mineur par Dávid Báll. Un chef d´oeuvre, ici fort bien interprété. Pièce dédiée à Schumann où Liszt innova audacieusement, adoptant la forne d´un mouvement unique où alternent deux thèmes. Sonate réputée particulièrement difficile à interpréter. L´une des oeuvres maîtresses du compositeur hongrois
Mais nous attendions surtout la suite avec deux oeuvres de Berlioz. Tout d´abord la Symphonie fantastique (par l’orchestre de Győr sous la direction de Kálmán Berkes). Une interprétation admirable, probablement le temps fort de la journée. Tous les pupitres bien à leur place, offrant une somptueuse sonorité, brillante, mais sans tonitruence. Une Symphonie fantastique écrite trois ans seulement après la mort de Beethoven, alors que le jeune Berlioz, alors follement amoureux (mais il l´était en permanence,,,), n´avait que 27 ans…(7). Puis ce fut Harold en Italie, rarement donné. Qui est en fait un concerto pour alto écrit à la demande de Paganini („Symphonie en quatre parties avec alto obligé”). Interprétée ce soir par les musiciens de Pécs (Philharmonie de Pannonie) placés sous la direction d´András Vass avec Máté Szücs en soliste. Une agréable découverte, oeuvre richement orchestrée, offrant des thèmes charmants. Ici servie par une interprétation correcte (quoiqu´on en eût attendu un peu plus de finesse).
Puis ce fut, avant de passer au concert de clôture, cinq pièces religieuses chantées par un choeur d´hommes (chorale Szent Efrém). Sur lesquelles je passe…. Quant au concert de clôture, il était, comme chaque année, traditionnellement dirigé par Iván Fischer, directeur artistique de la manifestation, et ses musiciens de l´Orchestre du Festival. Avec trois pièces au programme: „Légende de Saint François de Paule marchant sur les flots” (précédée d´une explication par Fischer), la Danse macabre (avec le pianiste géorgien Nicolas Namoradze en soliste) et la version orchestrée de la Deuxième rhapsodie. A noter, dans la Danse macabre (Totentanz, variations sur le Dies ire) une prestation impressionnante du pianiste accompagné par un orchestre brillant. Tous, soliste et orchestre, en parfaite symbiose. Mais c´est encore avec la Deuxième rhapsodie qu´Iván Fischer allait nous surprendre. Dans une adaptation indédite, encore jamais entendue, qui sortait du cadre, souvent bien fade, des transcriptions habituelles. Probablement concoctée par le chef. Dans une orchestration colorée, rutilante, accompagnée par un cymbalum, nous offrant une interprétation particulièrement entraînante. Avec en prime un long solo de cymbalum, cadence d´une incroyable virtuosité. Voilà qui était idéal pour terminer cette journée en beauté. (8)
Pour conclure? Tout d´abord une occasion rêvée pour retrouver, découvrir ou redécouvrir des oeuvres de nos compositeurs favoris. Mais aussi un constat: le niveau exceptionnel de la vie musicale en Hongrie, tant par le nombre que par la qualité de ses formations et interprètes. Un voeu pour terminer: que le prochain marathon nous fasse retrouver nos musiciens préférés „sur le vif”, et non par écran interposé.
Pierre Waline, 7 février 2021
(1): les précédents couples: Schumann-Mendelssohn, Debussy-Ravel.
(2): né en 1803, Berlioz était de huit ans l´aîné de Liszt (qu´il appelait „le Papagini du piano”). Liszt dont on célèbre cette année le 210e anniversaire de la naissance.
(3): Liszt, reçu dans son enfance par Beethoven, fut élève de Czerny, lui-même élève de Beethoven.
(4): Gergely Bogányi, Dávid Báll, Zoltán Fejérvári, József Balog, János Palojtay, Ádám Balógh, Nicolas Namoradze.
(5): 26 ans. Lauréat du Concours Honens (Canada) en 2018.
(6): A noter que, lors de la création du 1er concerto avec Liszt au piano, c´est précisément Berlioz qui était au pupitre.
(7): amoureux de l´actrice anglaise Harriet Smithson qu´il allait épouser trois ans plus tard.
(8): manquait à l´appel la Marche hongroise de la Damnation de Faust, qui eût idéalement trouvé sa place ici. Inspirée de la Marche de Rákóczi, elle fut donnée en concert par Berlioz lors de son séjour à Pesth en février 1846, ce qui lui valut un véritable triomphe de la part du public hongrois. (cf. „Budapest au XIXe siècle vue par un voyageur peu ordinaire” (30 août 2017).
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Connaissez-vous la ville de Pécs en Hongrie? Située dans le Sud-Ouest du pays, aux confins de la Croatie, au pied d´un petit massif montagneux (le Mecsek), Pécs (150 000 h, prononcer „pétch”) est sans aucun doute l´une des plus charmantes villes de Hongrie, pour beaucoup la ville préférée des Hongrois après Budapest. Située à l´emplacement de la Sopianae des Romains, Pécs (en allemand Fünfkirchen) était déjà connue avant l´arrivée des Magyars au Xème siècle. Saint Etienne y fonda un épiscopat en 1009. Elle abrite la plus ancienne université du pays, fondée en 1367. Déclarée „ville libre” par Marie-Thérèse en 1780, Pécs abrite par ailleurs l´une des plus célèbres manufactures de porcelaine du pays, la manufacture de Zsolnay. Elle est la ville natale du peintre Vasarely (musée). Également caractérisée par la présence d´une partie de sa population d´origine croate et souabe qui lui confère une grande diversité culturelle. Enfin à signaler que Pécs possède l´une des rares anciennes mosquées demeurées intactes en Europe (construite par les Ottomans), transformée en église. Il n´est donc pas étonnant qu´elle fût déclarée capitale européenne de la culture en 2010. Mais il y a autre chose encore: Pécs abrite l´une des meilleures formations musicales du pays, la Philharmonie de Pannonie (Pannon filharmonikusok). Fondée sous sa forme actuelle en 2000, la Philharmonie de Pécs est l´émanation du plus ancien orchestre du pays, fondé en 1811. De plus, se produisant, dit-on, dans l´un des plus beaux auditoriums d´Europe.
Une formation qui monte fréquemment sur la capitale pour s´y produire dans le cadre du alais des Arts (Müpa) où lui est toujours réservé le meilleur accueil. Tel fut le cas d´un concert donné ce 29 janvier, concert de gala consacré à Rossini. Donné sans public, mais retransmis sur les réseaux.
Au programme: extraits de cinq opéras (ouvertures et airs) ponctués par le fameux Duo des chats (1). Les solistes: la mezzo-soprano Dorottya Láng, le ténor István Horváth et le baryton-basse Péter Kálmán. Le tout placé sous la baguette du jeune chef allemand Nikolas Nägele. A relever, une brochette de solistes au plus haut niveau, non seulement excellents chanteurs, mais remarquables acteurs. Notamment un Péter Kálmán truculent, dans des rôles, il est vrai, qui s´y prêtaient à merveille (Mustafa, Bartolo). Un temps fort, le duo Almaviva-Bartolo au 1er acte du Barbier. Seule très légère réserve, l´air confié au ténor „Ne m´abandonne pas,… Asile” de Guillaume Tell, fort bien chanté certes, mais qui détonnait avec le reste et chanté avec accent. Mais ne lui jetons pas la pierre.. Sinon (et même ici..) une prestation remarquable des trois chanteurs. Quant à l´orchestre, placés sous la baguette vive et alerte du jeune chef allemand, ses musiciens nous ont offert une interprétation légère et enlevée. Si le concert fut donné sans public, il est aisé de juger de son succès par les innombrables messages enthousiastes qui l´ont accompagné tout au long de la représentation.
Une belle soirée, donc, placée sous le signe de Rossini, qui nous a fait passer quatre-vingt dix minutes délicieuses, ce qui n´est pas de trop par les temps qui courent. Un grand merci aux musciens, aux solistes et à leur chef. Des remerciements qui s´adressent également aux animateurs du site, le Palais des Arts. Qui ont pris audacieusement le parti de nous offrir chaque soir un concert sur le web (en direct ou en différé). Chaque soir, soit davanatage encore qu´en temps normal.
Cerise sur le gâteau: en liaison avec Iván Fischer et son Orchestre du Festival (BFZ), ils nous annoncent pour le premier dimanche de février un marathon Liszt-Berlioz. Suivi de chez soi, donc, mais selon le schéma habituel avec concerts et récitals non stop du matin au soir. Mais ils ne sont pas les seuls. Tel l´ensemble Concerto Budapest avec entre autres un fort beau concert donné le 24 janvier dermier dans la salle de l´Académie de Musique (Zeneakadémia). Concert Haydn-Mozart-Beethoven placé sous la direction de György Vashegyi avec en solistes la soprane Katalin Szutrely (Mozart: „Chui me scorde..” K505, Beethoven „Ah, perfido” op65) et le jeune pianiste Mihály Berecz (Mozart, concerto K.450).
Comme on peut donc en juger, loin de freiner l´activité musicale en Hongrie, la pandémie nous offre au contraire mille occasions de suivre nos orchestres et compositeurs préférés. Sur le net, certes, mais sans (trop) perdre du plaisir que nous y prenons. Reste à savoir comment, en l´absence de subventions conséquentes, ils parviendrontt à s´en sortir et jusqu´à quand ? Probablement au prix de sérieux sacrifices. Mais c´est là une autre question… En tous les cas, tirons leur notre chapeau et prions le ciel qu´il leur prête encore longue vie….pour notre plaisir... (2)
Pierre Waline, 30 janvier 2021
(1): l´Italienne à Alger, le Barbier de Séville, Guillaume Tell, Tancrède et Cendrillon.
(2): les responsables de l´Orchestre du Danube de Budapest (Duna zenekar) fondé en 1961 nous annoncent, sauf miracle, leur cessation d´activité pour le 31 mai prochain.
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Ce 22 janvier, les Hongrois célébraient la „Journée de la Culture hongroise”. Une célébration très suivie non seulement en Hongrie, mais également par les milieux de la diaspora. Journée instaurée en 1989, en souvenir de la rédaction du texte de l´hymne national par le poète Ferenc Kölcsey le 22 janvier 1823 (publié en 1832).
Poème intitulé „Hymne”, certes, mais qui n´avait au départ nullement vocation à servir d´hymne national. Ce n´est que vingt années plus tard, en 1844, qu´il fut mis en musique par le compositeur Ferenc Erkel, à la suite d´un concours lancé par le directeur du Théâtre national. Ici encore sans viser à en faire un hymne national. C´est bien plus tard, en 1903, qu il fut reconnu comme tel. (De facto et non de jure, François-Joseph refusant d´en valider la légitimité.) Auparavant, les Hongrois ne possédaient pas d´hymne, le seul reconnu par les autorités étant l´hymne impérial autrichien. Pour exprimer leur identité nationale, il leur restait des chants religieux, ou encore la fameuse „Marche de Rákóczi”, par la suite orchestrée par Berlioz. (Encore jouée de nos jours dans les cérémonies officielles.)
A relever que, presque parallèllement au poème de Kölcsey, en était paru un autre sous la plume du poète Vörösmarty sous le titre de „Manifeste” („Szózat”). Avec l´ambition d´en faire l´hymne national, ce qui suscita de longs et vifs débats sans issue. Ecrit en 1836, il fut mis en musique en 1843, tout comme l´autre sur concours. Comme l´Hymne de Kölcsey, le Szózat fut dans un premier temps publié dans la revue Aurora.
Débutant, comme le „God save the King”, par une imploration du Ciel („Dieu, bénis le Hongrois”), l´hymne national des Hongrois présente un caractère profondément religieux. Au point qu´en 1949, les autorités communistes cherchèrent à le remplacer par un nouvel hymne. Tentative qui se solda par un échec (1). Son caractère religieux fait qu´il est souvent chanté à la fin des messes et offices. Usage sacro saint, déjà pratiqué sous le régime communiste. Un caractère religieux et un ton de recueillement, mais aussi une complainte sur les malheurs du peuple hongrois („Ce peuple a largement payé pour les temps passés ou à venir.") (2). On retrouve ici une caractéristique assez typique de la mémoire collective du peuple magyar qui le distingue des autres peuples. Recueillement, sorte de prière, que la musique rend parfaitement, sans ostentation, chantée sur un tempo retenu qui lui confère une certaine dignité. Sur un plan purement musical, je serais presque tenté de la comparer par son climat aux notes du „Va pensiero” de Verdi ou de la „Prière” du Moïse de Rossini. Ce qui le place, musique et paroles, à l´opposé de notre „Marseillaise” (qui, ne l’oublions pas, était au départ une marche) et le distingue de la plupart des hymnes nationaux.
Une particularité: non seulement le texte (introduit dans la constitution en 1989), mais la partition figure, partie intégante, en annexe de la nouvelle Loi Fondamentale de 2011. C´est dire l´importance qui y est attachée. Une musique au demeurant fort belle que l´on ne se lasse pas d´écouter et réécouter (...et les occasions ne manquent pas...).
Certes, la vocation de tout hymne, par définition, est de rassembler un peuple. Mais ici, sa portée va bien au-delà. Considéré, plus qu´un hymne, comme une prière nationale, leur hymne constitue un ciment très fort entre des Hongrois aujourd´hui souvent divisés. Revêtant à leurs yeux un caractère sacré qui le place par dessus tout le reste. Privilège suffisamment rare pour être mentionné. (3)
Souhaitons donc longue vie au peuple magyar et à son hymne. Que le Ciel le bénisse!
Pierre Waline, 25 janvier 2021.
(1): une commande fut passée au poète Ilyés pour le texte et à Kodály pour la musique, commande que ce dernier rejeta. Une tentative pour le remplacer par le Szózat échoua également.
(2):Le poème de Kölcsey portait le sous-titre: „Du fond des siècles tumultueux du peuple hongrois” („A magyar nép zivataros századaiból“)
(3): „Bénis le Hongrois, ô Seigneur, Fais qu’il soit heureux et prospère, Tends vers lui ton bras protecteur Quand il affronte l’adversaire ! Donne à qui fut longtemps broyé, Des jours paisibles et sans peine ; Ce peuple a largement payé Pour les temps passés ou à venir." (Traduction Jean Rousselot)
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Le chef hongrois Iván Fischer fêtait ce 20 janvier ses soixante-dix ans.
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Egy francia Magyarországon - Pierre Waline blogja
Francia születésű, nyugdijas vagyok, Pesten élek. Szeretek itt élni, szeretem Magyarrszágot, a nyelvet, a kultúrát, de jó néha hazamenni Párizsba is. Szeretem a klasszikus zenét. Fontos számomra a kommunikáció, meg a harc az intolerancia és a rasszizmus ellen.
Bof....
Déteste par dessus tout l'intolérance, le nationalisme et le racisme, encore trop répandus...
Mindenek elött a nacionálzmus, az intolerancia és a racizmus ellen szeretnék küzdeni, amelyek sajnos tul gyakori jelenségek a mai világban...
Bea blogja Nizzából
Köszönöm, hogy a blogomra látogattál, amit azért hoztam létre, mert az egyik szenvedélyem a fotózás. Szeretek utazni, kirándulni, fényképeket készíteni, és ezt szeretném megosztani mindenkivel. Várom a véleményeteket. :)
Hol is kezdjem a bemutatkozást? Mondanátok, hogy az elején. Erre én azt mondanám, az túl hosszú lenne, és nem szeretnék senkit sem untatni. Ezért megpróbálom tömören összefoglalni eddigi életemet.
Magyarország-on születtem, ott is éltem közel 30 éves koromig, amikoris úgy döntöttem, hogy ideje körbenézni a világban.
Így kerültem Amerikába, ahol 2 évig dolgoztam. Persze az életem nem csak a munkáról szólt. Rengeteget utaztam, Miami-tól Las Vegas-ig, Washington-tól Los Angeles-ig. De ez nem minden. Volt szerencsém ellátogatni néhány Karib sziget-re is, mint a Bahamák, Jamaica, St Thomas, St Marteen, Puerto Rico, Kajmán szigetek, illetve Mexico-ba is eljutottam.
Mindezek után elfogott a vágy, hogy ismét iskolapadba üljek. (Szeretek tanulni, persze csak azt, ami érdekel. Sok ilyen dolog van, nyitott vagyok szinte mindenre.)
Így kerültem Sydney-be, Ausztráliába. A munka, és az egyetem mellett azért itt is jutott egy kis idő utazásra. Először Ausztráliában, majd Thaiföld, és India következett. Az egyetem sikeres befejezése után új irányt vett az életem, visszajöttem Európába. Így kötöttem ki Franciaország-ban, ahol jelenleg is élek.
S hogy mivel töltöm az időmet? Mindennel, amit szivesen csinálok, amiben örömömet lelem. Továbbra is sokat kirándulok, fényképezek, vitorlázok, festek (igen, valódi olajfestményeket) sütök-főzök, és újabban ruhákat tervezek, illetve megvarrom azokat (egyenlőre csak saját részre).
Szóval nem unatkozom. Soha nem tettem. És szerintem soha nem is fogok.
Zigzag Európában
Francia születésűként a két ország között élek. Pécsett
lettem feleség, anya, orvos.
Írni szeretek , de főleg gondolatokat megosztani. És kíváncsi,
kíváncsi vagyok...
Française de naissance, je vis entre les deux pays. Je suis devenue
épouse, mère et médecin à Pécs.
J'aime écrire, et surtout échanger des idées. Et je suis curieuse,
curieuse...
Recto et verso
Bon, c'est une question bien importante de s'identifier...Je suppose que tout le monde cherche la bonne réponse pendant toute sa vie... La surface c'est: je suis professeur de la langue francaise, de l'histoire et de la littérature et de la langue hongroise. Et bien sur j'ai une vie privée aussi: ma famille, mon temps libre, mes coutumes et mes amusements...Eh comme tout le monde je tache etre heureuse...
Herblay406
Ez az első blogom, arról fog szólni, hogyan élünk négyen Franciaországban, Herblayben, mely Párizs egyik elővárosa, Párizstól hozzávetőlegesen 20 km-re, északra található. Eddig még nem jártam ott. Arról is írok, milyen az élet háztartásbeli apaként, hogyan élem meg azt...
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Passionné par le sport et attaché à la Hongrie où j'habite depuis de nombreuses années, j'espère que ce blog saura vous intéresser.
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